Procès-verbal de l'Assemblée électorale statutaire du 18 décembre 2014
Le président actuel, Patrice Ducrot, rappelle que, conformément à l'article 4 § 3 du Règlement intérieur du club, l'Assemblée a été valablement convoquée par le biais de notre bulletin hebdomadaire. En outre, le quorum statutaire étant atteint, elle peut ainsi valablement délibérer. Le président rappelle que l'ordre du jour est statutaire et passe sans plus tarder au point 1 en Proposant aux suffrages l'élection, comme Président pour l'année rotarienne 2015-2016, de notre ami Jacques Blank.
Jacques Blank est élu par acclamation et remercie l'Assemblée pour la confiance qui lui est témoignée. Il en profite pour présenter à l'Assemblée la composition du comité 2015-2016 d’une façon fraiche et vivifiante ! L'élection des commissions permanentes et des commissions ad-hoc pour l'année rotarienne 2015-2016 prévue au point 2 de l'ordre du jour est conforme à la liste préparée.
Au point 3, les trois vérificateurs des comptes élus sont Pierre-Alain Cardinaux, Jacques Rodel et Sébastien Muller.
La détermination du jour et du lieu de la réunion hebdomadaire, soit le point 4 de l'ordre du jour, débouche sur le statuquo. Ainsi la réunion hebdomadaire du 2ème jeudi de chaque mois a lieu le soir sous forme d'un apéritif. Le lunch des autres jeudis de même que les lieux, soit à Montreux du 1er avril au 30 septembre et à Vevey du 1er octobre au 31 mars, demeurent inchangés.
L'Assemblée électorale est ensuite close par Patrice Ducrot et un repas nous est servi à l’issue duquel François Besson nous délivrera le traditionnel Message de Noël
Vevey, le 18 décembre 2014 Le secrétaire: Laurent Schmitt
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Message de Noël par François Besson
Chers amis,
Pierre m’a demandé de vous adresser aujourd’hui quelques mots en guise de « message de Noël », conformément à la tradition immémoriale de notre club… J’ai accepté, conscient du côté périlleux de l’entreprise, et vous propose donc quelques réflexions sur le thème que j’ai retenu : celui de la lumière.
Depuis quelques semaines, et pour quelques semaines encore, dans cette période où les nuits dévorent les journées, mille lumières envahissent nos villes et nos campagnes, leurs places et leurs rues, les devantures des magasins, les façades des maisons, etc., etc. Tout cela crée dans les lieux que nous parcourons, surtout le soir, en début de matinée aussi, une atmosphère féérique, quelque peu irréelle, qui nous enveloppe et nous charme… mais qui en même temps nous porte à jeter aux oubliettes la signification même du temps de Noël vers lequel nous avançons…
Arrêtons-nous un instant et voyons cela de plus près en partant de ce qu’il y a de magique dans la lumière, et d’abord dans la lumière naturelle, celle du soleil, mère de toute vie sur notre terre… Bien que nous n’y pensions guère, c’est un fait évident que la lumière où nous baignons change constamment. Elle change en fonction des heures du jour, des saisons de l’année, du brouillard ou des nuages, de la texture même de l’air, de l’eau, du vent. – Les peintres et les photographes passent leur vie à saisir ces effets de lumière dans leurs tableaux ou leurs clichés. Les graveurs d’estampes aussi. Vous en avez un merveilleux exemple avec deux des plus belles planches de la collection du cabinet des estampes conservée au Musée Jenisch, qui précisément les expose actuellement, vous le savez sans doute. Je les ai réunies sur mon petit papillon sous le titre « Lumière du soir et lumière du matin ».
Ce titre vous l’indique d’emblée : il ne s’agit pas de considérer seulement ce que l’image représente, mais plutôt ce qu’elle signifie…
Partons de la première gravure, qui met en scène Saint Jérôme dans sa cellule, avec son fameux lion apprivoisé. Comme les autres Pères de l’Eglise et les théologiens médiévaux – de saint Augustin à Bernard de Clairvaux – Jérôme discerne quatre niveaux de lecture des textes et des images : le niveau littéral ou historique, le niveau allusif ou symbolique, le niveau allégorique dit aussi moral et le niveau mystique, parfois nommé anagogique. Au XIIe siècle, un distique latin le résumait ainsi : « la lettre enseigne les faits, l’allégorie ce que tu dois croire, la morale ce que tu dois faire, l’anagogie ce que tu dois viser ».
Appliquons cette grille de lecture à nos deux images.
Dans la première, Jérôme est à sa table travaillant à ce qui fut son grand ouvrage : la traduction de la Bible en latin. Premier niveau de lecture. Au deuxième niveau, on comprend que la Bible, le texte des textes, justifie qu’on y consacre sa vie pour que toute personne un tant soit peu cultivée puisse la consulter, la langue universelle de l’époque étant le latin. Au troisième niveau, celui qui contemple la gravure en tire la morale : « conforme ta vie au message de l’Ecriture »… Au quatrième enfin, il est sensible au mystère de la présence paisible, quasi divine, de la lumière du soleil qui illumine toutes choses et leur donne vie, jusque dans l’intérieur même du refuge studieux de Jérôme.
Quant à la seconde image, elle nous montre l’ange de la mélancolie plongé dans la réflexion (le doute et la tristesse peut-être aussi). Au deuxième niveau, c’est l’oeuvre de l’homme que la gravure met en évidence, l’homme qui veut maîtriser l’espace et le temps, la géométrie et la mathématique, l’art de construire et l’architecture. Au troisième, on prend conscience de la vanité des connaissances humaines et de leurs limites (voyez le désordre qui règne dans ce fatras d’objets). Au dernier niveau, c’est la misère de l’homme qui peut-être nous est révélée, dans une nuit provisoirement trouée par la lumière artificielle qui de la droite éclaire la scène d’une lueur blafarde, tandis qu’à l’arrière-plan la mer et le rivage lointain sont momentanément tirés de l’ombre par une étoile filante tout près de disparaître, ce qui les rendra bientôt à la nuit profonde…
Après ce détour par les deux gravures d’Albrecht Dürer, revenons à notre point de départ et à ces lumières dans la ville que j’évoquais tout à l’heure. Au premier niveau de lecture, ce qu’elles montrent à l’envi c’est bien l’image d’une fête récupérée par la société de consommation dans laquelle nous sommes aujourd’hui immergés. — Au deuxième, on voit bien la profonde différence qui distingue l’artificiel du naturel. Autant la lumière du soleil prend mille aspects changeants selon les circonstances, autant l’éclairage artificiel est réfractaire à toute nuance, puisqu’il répond à une logique strictement binaire : allumé… / éteint… / allumé… / éteint… Une logique elle aussi toute commerciale et publicitaire : nous vendons, vous achetez. Une logique du faire envie, une multiforme incitation à la gourmandise et à la cupidité. — Quant au troisième niveau, nous pouvons y trouver tout de même, en filigrane, un appel à tourner notre attention vers les autres, ceux que nous aimons ou à qui nous sommes attachés, pour un geste généreux, l’acquisition puis l’offre d’un cadeau que nous pourrons leur faire. — Et voici finalement notre quatrième niveau de signification, qui nous invite, au-delà des apparences, à pressentir, si peu que ce soit, le mystère de l’amour ; et n’est-ce pas là, en fin de compte, le vrai message de la fête vers laquelle nous allons ?
Alors, pour vous et pour les vôtres, joyeux Noël !
…et merci de votre attention !
François Besson
Lumière du soir et lumière du matin
A propos de deux gravures célèbres d’Albrecht Dürer
« Une sorte d’antithèse spirituelle : l’étude sacrée s’oppose à l’étude profane ; la paix du théologien aux doutes de l’homme de science », écrit Nicole Minder, à l’époque conservatrice du Cabinet cantonal des estampes au Musée Jenisch de Vevey, dans le magnifique ouvrage publié sous le titre Gravures de Dürer et Rembrandt (Vevey, 1991, p. 70).
« Saint Jérôme, (…) savant Père de l’Eglise, né vers 340 et mort en 420, s’est consacré à la traduction latine de la Bible, la ‘Vulgate’. Auparavant, il s’était isolé dans le désert où il avait rencontré le lion, son fidèle compagnon depuis qu’il lui avait retiré une épine de la patte. De 1492 à 1520, Dürer a maintes fois représenté ce saint en pointe sèche, dessin ou peinture, et surtout en gravure sur bois » (Ibid.).
« La Mélancolie est sans doute le burin le plus célèbre de l’histoire de la gravure (…). Cette gravure dépasse la simple représentation du tempérament mélancolique et propose plusieurs sens qui se recoupent : elle réalise en fait la synthèse de deux figures courantes à l’époque, la mélancolie et la géométrie, qui ont un certain nombre d’attributs communs puisqu’elles sont toutes deux gouvernées par Saturne. En les unissant, Dürer leur a donné une nouvelle dimension, plus riche et plus complexe que dans la tradition emblématique médiévale. » (Id. p. 72).